Aujourd'hui, je n'ai pas de réponse. Demain, peut-être...
Il y a de nombreuses années que je souhaite aller à Compostelle à pied, et il y a si longtemps qu'il est difficile pour moi d'écrire depuis quand. Qu'importe ! Je voulais partir du seuil de la maison, celle que j'habiterais... le jour de mon départ, pour tenter d'arriver en un seul voyage, et de nombreuses étapes, à Saint-Jacques de Compostelle.
La famille et surtout le travail ne me laissaient pas le temps nécessaire. Retraité depuis juin 2008, j'ai eu tout loisir de préparer ce périple.
Je suis parti de Tournefeuille, grande ville de la banlieue toulousaine, le 29 avril 2011.
La préparation s'accélère en septembre 2010 : guides, cartes, sites internet, blog. Bien difficile de s'y retrouver pour aller à l'essentiel : motivation, entraînement, itinéraires et sac à dos.
Après quelques hésitations entre Camino (chemin) Francès et Camino del Norte pour la partie espagnole, je choisis de rester assez classique : chemin d'Arles pour la partie en France et Camino Francès.
J'ai également le projet de m'autoriser une variante : quitter le chemin d'Arles à Maubourguet, dans le département du Gers, pour aller plein sud vers Lourdes et, de là, rejoindre la vallée d'Aspe à Oloron Sainte-Marie et suivre à nouveau la voie d'Arles.
Pourquoi Lourdes ? En 1995, alors privé d'emploi depuis 3 ans, je prends l'engagement d'aller à Lourdes à pied si je retrouve un emploi. En février 1996, je travaille. Aussi,15 ans après, l'occasion est trop belle pour la laisser passer.
Je dois préciser que mon projet n'est pas placé sous le signe de la dévotion à quelque Dieu ou Prophète que ce soit. Il ne s'agit pas non plus de faire du tourisme à bon compte, voire participer à une compétition sportive.
Il est indéniable, comme le dit Le Petit Larousse, que celle ou celui qui va visiter des hauts lieux de piété dans un but essentiellement religieux et dans un esprit de dévotion est un pèlerin. Il accomplit un pèlerinage, voyage d'un ou plusieurs fidèles d'une religion vers un lieu consacré. II existe de part le monde de hauts lieux de pèlerinage : Compostelle, Lourdes, Jérusalem, Rome, La Mecque, le Chardham Yatra, Shikoku...
Je ne peux donc être considéré comme un pèlerin.
Alors un randonneur ? celui-là, généralement, fait une promenade assez longue, en une ou plusieurs étapes, et revient généralement à son point de départ.
Je ne suis pas non plus tout à fait celui-là.
Alors Pèlorandin : randonneur qui se rend en un lieu de piété sans but religieux ni esprit de dévotion aucun. Et qui revient à son point de départ, pour le plus grand nombre, autrement qu'à pied. Oui, peut-être Pèlorandin. Ne cherchez pas ce mot dans vos dictionnaires : vous ne le trouverez pas.
Alors le chemin?
Un jour, j'ai décidé de prendre un chemin et rapidement c'est le chemin qui m'a pris : je fus poussé, aspiré vers mon but, comme si un aimant puissant m'attirait. Comme le dit si bien la chanson : tout m'entraîne irrésistiblement vers toi...
J'ai également pris la décision, au grand étonnement de nombreuses personnes, de partir seul. Car nombreuses sont les raisons qui peuvent nuire au bon déroulement de ce périple en équipe dans son aspect matériel : personne ne marche à la même vitesse, ne peut marcher la même distance quotidienne, personne ne s'arrête au même endroit, les centres d'intérêts ne sont pas identiques, les uns grignotent alors que d'autres préfèrent un vrai repas, les besoins naturels ne se manifestent pas au même moment, tous le monde ne se lèvent pas à la même heure, et j'en passe.
Certainement que les couples de personnes qui s'aiment ou 2 vrais ami(e)s, ce qui revient au même, peuvent naturellement accepter ces contraintes : j'en ai rencontré sur le chemin. La plupart du temps les membres d'un même groupe se séparent pour chacun marcher seul la journée et se retrouvent le soir à l'hébergement prévu. C'est une frustation pour celui ou celle qui aurait souhaité marcher quelques kilomètres supplémentaires.
Je dois ajouter que je n'ai jamais ressenti un sentiment d'insécurité en quelque lieu que se soit.
Je crois qu'Il y a autant de chemins qu'il y a eu, qu'il y a et qu'il y aura d'êtres humains. Il y en a donc bien trop pour emprunter celui des autres...
Le chemin, un chemin, mon chemin : chacun le sien, comme la vie, chacun la chienne..., non, la sienne...
Et oui loulou, j'allais oublier quelqu'un d'important : Louis. Il a été ma conscience dans mon inconscience, mon interlocuteur attentif quand je ne savais à qui parler, mon guide dans mes doutes, ma raison dans le déraisonnable, parfois aussi voix de la contradiction. Nous n'avons pas toujours été d'accord sur tout et ce fut alors un vrai tintamarre dans mon cerveau : tant mieux, et donc nous avons du négocier. Il me semble encore l'entendre : loulou, tu as suffisamment marché pour aujourd'hui, va te reposer pour pouvoir continuer demain; ou encore : c'est bien ce que tu fais loulou, tu peux être fier de toi. C'est pas dans ma nature, mais bon, prenons ! C'est bien de l'entendre.
Louis, c'est aussi le prénom , mon prénom, que porte mon bâton. Fidèle compagnon qui ne dit mot : jamais le bourdon. Précieux mon bois, parfois tel une épaule sur laquelle je pouvais m'appuyer. En noisetier je crois. Il a été préparé de longue date par mon ami Serge et gravé par Jean-Paul, tous deux de Goulier, en Ariège. Des spécialistes.
A ce jour, contrairement à mon projet initial, il me reste un bout de chemin à accomplir.Toutefois, il est pour moi important de raconter le début de cette belle aventure, d'abord pour rester sur mon chemin dans l'impatience de le terminer. Ensuite, que mon récit puisse donner à d'autres l'envie de partir...
Tout ce qui vient d'être écrit l'est un peu dans le désordre. Soyez indulgent(e)s.
Je voudrais terminer ce premier article par deux citations :
- "Quand on ne sait pas où l'on va, tous les chemins mènent à nulle part" (Henry Kissinger),
- "Nous trouverons un chemin...où nous le créerons" (Hannibal : traversée des Alpes).
A bientôt pour la suite